Criée publique sous les anciennes halles à Saint-Brieuc
article de Véronique CONSTANCE pour Ouest-France

Criée publique de Saint-Brieuc - Balt et Gaspard Hasard

Tous les samedis, sous les anciennes halles, accompagné de son assistante Balt Hazard, il clame haut et fort les messages récoltés dans les boîtes installées dans plusieurs lieux du centre.

Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, qu'il fasse beau, qu'il ait peu d'heures de sommeil au compteur après avoir festoyé avec ses potes... Rien ne décourage Gaspard Hazard, le crieur de rue de Saint-Brieuc. Chaque samedi, depuis septembre, perché sur son escabeau, il crie haut et fort la parole des Briochins, accompagné de sa précieuse assistante : Balt Hazard.

Un crieur de rue ? Kézako ? Chargé d'annoncer au public de l'information, il se promène dans la ville, s'arrête à certains endroits, annonce sa présence par un appel sonore comme une cloche, un tambour... Plus ou moins disparue, cette tradition, remise au goût du jour grâce au roman de Fred Vargas, Pars vite et reviens tard, revient dans quelques villes de l'Hexagone : Rennes, Lyon, Paris, Saint-Brieuc...

Un pari osé à l'ère du numérique où les réseaux sociaux internet ont la côte. « Je ne renie pas les réseaux sociaux, je les utilise moi aussi. Mais j'aime le rapport humain, la rencontre entre les gens, l'échange. On pourrait qualifier ma démarche de réseau de chair et d'os. »

Meilleur des papys

Samedi 7 janvier, notre crieur n'a pas dérogé à sa « énième criée ». 11 h, nippé de pied en cap d'un beau manteau bleu marine « façon caban », d'un pantalon rouge et coiffé de son indissociable casquette, Gaspard Hazard quitte son domicile, équipé de son porte-voix et de sa petite malette. Avant de rejoindre son assistante sous les anciennes halles, il traverse le marché afin de recueillir les derniers messages : office de tourisme, le Disquaire, le bar chez Rollais... Au passage, il invite via son porte-voix, les Briochins à venir le rejoindre place du Martray. Entre deux phrases, il s'arrête, salue un tel ou une telle.

11 h 30, traversée du marché dans l'autre sens, direction les anciennes halles. La récolte est bonne : une soixantaine de messages. Balt Hazard a, elle, durant la récolte, installé l'escabeau, le tableau et le fil sur lesquels seront accrochés les messages après lecture. Gaspard s'installe sur son perchoir et démarre par un message perso de bonne année. Messages d'anniversaire (« on en a toutes les semaines »), d'amour, coups de gueule, coups de coeur, osés « ceux-là je les réserve pour une criée + + + interdite aux moins de 18 ans »,)...

Durant 45 minutes devant badauds du marché et copains, Gaspard clame les messages d'une voix tonitruante. « Mon papy est le meilleur de tous les papys. Recherche paroles de musique en anglais pour groupe rock. Recherche poste de serveur sur Saint-Brieuc. Votez à gauche ! Je suis bout du rouleau. On n'est pas sérieux quand on a 17 ans. L'hiver est arrivé et toi tu m'as quitté... »

Gaspard Hazard souhaite plus que jamais continuer ces criées. Mais aimerait leur donner un nouveau souffle. Pourquoi pas aussi pousser la voix sur le marché de la Croix-Saint-Lambert, le dimanche matin ? Ou installer des boîtes à la maison d'arrêt, la bibliothèque ? Dans l'immédiat, rendez-vous demain, samedi, sous les anciennes halles de Saint-Brieuc, dès 11 h 30... Pour une nouvelle criée agrémentée, pourquoi pas, d'une dégustation de galette-saucisse.

Samedi 14, à 11 h 30, anciennes halles. Participation au chapeau. Fruits et légumes acceptés.

Criée publique de Saint-Brieuc - Gaspard Hasard